Le rituel des obsèques musulmanes

Depuis plusieurs semaines déjà, l’état de santé du père de mon meilleur ami se détériorait à vitesse grand “v”. L’échéance semblait inéluctable. C’est pourquoi, mardi matin, lorsque j’ai vu la bouille de mon copain s’afficher sur mon portable, j’ai immédiatement compris. “C’est fini, mon père est parti ce matin à 5h”, lâcha simplement Kader. Comme je le lui avais déjà dit, il pouvait compter sur moi pour organiser ses obsèques.

Depuis le temps que nous nous fréquentons, j’avais déjà mesuré l’importance du père pour mon ami et plus largement la place du chef de famille dans la religion musulmane. Ici peut-être encore plus qu’ailleurs, le père est considéré comme le patron, “le berger” disait le prophète, auquel tous doivent respect et obéissance. Tandis que la mère, elle, est le pilier éducatif de la famille. Ouiza, la maman de Kader, prenait ce rôle très au sérieux, n’hésitant pas à sermonner ses fils mais aussi leurs amis -à commencer par moi !- lorsque notre comportement laissait à désirer…

 

Un délai très court

 

Dans les heures qui suivirent l’affreuse annonce, j’allais apprendre beaucoup de choses sur la façon dont se déroulent des obsèques musulmanes Lille. À commencer par le délai, très court, des préparatifs : en effet, dans les pays de l’islam, l’inhumation doit avoir lieu dans les 24 heures suivant le décès. Avant le coucher du soleil si le décès a eu lieu le matin, le lendemain matin s’il est survenu le soir. En France, les délais d’inhumation sont forcément plus longs du fait des démarches administratives mais ils restent très courts. De même, dans l’Hexagone, les cercueils sont obligatoires pour des raisons d’ordre sanitaire alors qu’au pays cela n’existe pas.

Le rite funéraire, lui, est extrêmement dépouillé. Contrairement aux catholiques, les musulmans n’organisent pas de veillée funéraire.

 

 

Soins de purification

Après sa mort, le défunt est préparé pour sa nouvelle vie. Dans la religion musulmane, la dépouille est considérée comme impure, il est donc important de réaliser des soins de purification. La toilette est très minutieuse. Après avoir placé le corps tête vers la Mecque, celui-ci est lavé trois fois puis essuyé et enveloppé dans trois pièces d’étoffe blanche non cousues. Cette toilette doit être faite par quatre personnes du même sexe que le défunt mais il est autorisé au veuf (ou à la veuve) de faire la toilette de son conjoint.

Le père de Kader sera enterré en France mais son oncle, le frère du défunt, nous a expliqué qu’au bled, pour transporter le corps du domicile au cimetière, quatre hommes portaient la civière sur laquelle est placé le corps recouvert d’un drap. On fait sortir le défunt la tête la première pendant que les assistants récitent la Shahada. Tous ceux qui croisent le cortège funèbre doivent s’y joindre et l’accompagner jusqu’au cimetière où la civière est déposée près de la tombe. Les femmes sont invitées à se tenir en retrait pendant la mise en terre puis à venir se recueillir une fois le cercueil recouvert.

S’en suit la période de deuil. Les quarante jours après l’enterrement sont très importants : la famille se retrouve régulièrement au cimetière pour rendre hommage au défunt. Enfin, le quarantième jour est marqué par un gros repas pris en commun. C’est le signe officiel de la fin de la période de deuil.